Blog

  • Né rouge de Cédric Aubouy (L'Ile logique)

    Le clown est un chaman, un guide sur le chemin de la spiritualité, il montre la voie de la sagesse et mène vers la lumière...

    Entre ses pieds ancrés dans les racines profondes et telluriques de la source du grand tout et ses mains tendues vers la légèreté aérienne de l'éternité du soleil et des étoiles, son corps s'étire comme un élastique en plastique jaune qu'on utilise pour refermer un paquet de nouilles entamé ou pour lancer des boulettes... ??? Nouilles et boulettes mystiques ? Oui. Contradiction ? Non. Enfin si, justement... Un clown, des équilibres...

    Perché en bas, enfoui là-haut. A la fois tout et rien, le clown est insaisissable car c'est sa nature même. Il connait la règle pour la transgresser, il prend les chemins de traverse, il peut montrer la tristesse dans la joie, le contraire aussi, le clown est réversible. A la fois gentil et pas méchant ; lourd, léger ; grotesque et subtil ; rigoureux sensible ; solide et fragile ; grand et petit, poète pouet... Il sait qu'il ne sait pas et ne sait pas qu'il sait.

    Tout ce qu'il approche est sacré. Il ne fait rien sans donner à son acte une importance particulière, ne néglige pas de respecter le négligeable... Il sacralise le commun...

    Vide-plein. Le vide est plein : quand il n'y a plus rien on revient à l'essentiel, au fondamental. C'est dans le vide qu'on puise l'énergie...

    Et le yin s'incruste un peu chez le yang... Comme des pâtes qui s'accrochent à la lune, à la bolognaise ou le contraire... Ca cirule entre les deux. Deux niveaux toujours, être dans le : "ne pas être", ou le contraire, double je. Je n'ai rien, souvent pauvre... Comme une sorte de dynamique qui tourne, un mouvement perpétuel... Alternance entre fiction et réalité, entre vrai et faux.

    La vie, c'est le déséquilibre entre le rien et le tout, les passages de l'un et de l'autre, comme un clown qui tomberait debout...

    Et le clown se cache, on ne connaît pas de masque plus petit que le sien, masque qui démasque, la meilleur cachette est au milieu du nez...

    Autorisé à faire ce qui lui interdit, le clown est systématiquement dans l'inversion, il franchit les limites pour en indiquer la présence.

    Jamais trop loin de la limite, sinon on ne sait plus qui l'a franchie. Une sorte d'élastique jaune qui revient toujours dans l'oeil, une image retournée qu'on regarderait à l'envers...

    Le sage connaît le pas sage...

    Culture Clown n°20 Ouvrons des passages... dépassons les clivages !

    Lire la suite

  • La disponibilité de l'acteur (Bataclown)

    "Ce qui se passe dans les coulisses, avant d'entrer en scène, est important à cet égard. L'acteur s'y métamorphose. Outre le nez du clown, il en prend les oripeaux, c'est à dire les vêtements et accessoires qui structurent déjà son corps et qui, déjà incarnent sa fiction.

    Comme la marée, il se retire pour laisser la place à cet inconnu avec qui il a rendez-vous et à qui il va donner vie. Cet "état étal" est nécessaire pour que le clown advienne, pour que l'acteur se transforme et qu'il entre dans l'état de clown. Alors l'entrée en scène correspond à la marée montante qui emporte l'acteur au-delà de lui-même.

    Avant d'improviser, l'acteur se trouve à la fois vide et disponible envers "ce qui va venir". Vide, afin de ne pas élaborer à l'avance des plans qui seraient la négation même de l'improvisation, et disponible envers tout ce qui pourra se présenter comme images, impulsions, envies, émotions. Il ne s'agit donc pas d'un vide résigné ou paralysant mais d'un vide actif, tonique et chargé d'appétit. Le vide ne se rétracte pas sur lui-même, comme une outre. Il est ouvert et plein car il peut précisément accueillir l'étrangeté qui se manifester.

    Tout se passe comme si on renonçait à contrôler mentalement la marche des choses. On se place en "contrôle flottant". Bien sûr, la volonté n'est pas abolie : c'est le volontarisme qui doit l'être. Comme dans la conduite sur du sable, on laisse les roues faire le travail. Le volant n'est tenu que d'une main légère et on n'intervient que par petites touches, pour éviter un obstacle ou se donner peut-être un vague objectif qu'on atteindra ou non.

    Cet état de disponibilité fait de l'acteur un être hypersensible, doté d'antennes capables de percevoir les frémissements de son être et de son environnement. Il est disponible à ses émotions, à son imaginaire, à son corps, à sa voix, à sa parole, aux objets et au lieu qui l'entourent, à son ou ses partenaires, au public. Tout cela constitue une fantastique mine d'or à ciel ouvert où il ne reste plus qu'à puiser. Le danger serait plutôt le trop plein que le vide !"

    Extrait du livre "Voyage(s) sur la diagonale du Clown En compagnie du Bataclown" éditions L'Harmattan

    Lire la suite

  • Avec le rire, les carapaces se fendillent...

    "Avec le rire, les carapaces se fendillent, les statuts sociaux, les différences d'âges ou les hiérarchies disparaissent... On en revient à des choses plus essentielles. Les constructions intellectuelles s'effondrent.

    Quand le personnage a la force de nous ramener à notre vie intérieure, les édifices extérieurs que nous avons construits ne tiennent pas. Le rire les fait tomber : on se débarrasse de ces constructions qui sont des protections mais aussi des surcharges...

    Il y a devant nous un être qui est uniquement dans ses sensations, dans sa vie réelle. Face à lui, notre intérieur se réveille comme un volcan, et il renverse les constructions extérieures...

    Et ce fracas, c'est le rire..."

    Extrait du livre "LE CLOWN ARLETTI vingt ans de ravissement" de François Cervantes et Catherine Germain, Editions Maison/Magellan & Cie, page 68.

    Lire la suite

  • Le Clown Arletti : Le rire un Mystère

     

    "Le rire est une source, que l'on trouve en descendant en soi-même. Le rire est permanent au fond de nous. Parfois nous descendons vers cette source, parfois nous nous en éloignons, mais le rire est là, au fond.

    Un jour pendant une répétition de La Curiosité des anges, Arletti avait voulu se cacher derrière une petite plante verte qu'elle tenait dans ses mains, se confondre avec elle, devenir plante verte elle-même. Le rire est venu d'un seul coup, sans que rien ne change extérieurement : elle transportait la plante lentement, et soudain cela était devenu réel, elle y croyait vraiment, c'était irrésistible. Cette croyance se communiquait instantanément.

    En moi, une voix disait : oui, ça y est, elle est devenue une plante verte ; et une autre disait : non, ce n'est pas vrai, je la vois, elle est là, elle marche en tenant une plante.

    C'est ce mélange de oui et de non qui provoque le rire.

    On peut devenir plante verte, chien, fumée, caillou, flaque d'eau, chameau, motte de terre. A la fois on peut, et à la fois on ne peut pas. On peut s'élever dans les airs, voler, chanter l'opéra, s'évanouir de plaisir, inventer des poésies sublimes.

    Tout ce que le désir conçoit, on le peut. Mais matériellement, on ne le peut pas. Intérieurement, on peut tout, et extérieurement, on ne peut presque rien de ce que l'on désire.

    A l'intérieur de nous, il y a un être qui peut tout.

    Cet être est caché dans une carapace, une armure, un caractère.

    L'histoire nous a montré que cette carapace peut se comporter de façon inhumaine. Mais il n'y a jamais d'étanchéité complète entre l'intérieur et l'extérieur, l'homme n'est jamais complètement enfermé dans sa carapace.

    Le clown, c'est le devenir homme. Il vibre plus qu'il ne bouge, il n'est pas finit, il est infini. On voit les sentiments le traverser.

    Le clown, c'est une façon personnelle de devenir universel, une façon de devenir infini."

    "Le clown Arletti : vingt ans de ravissement" de françois Cervantes et Catherine Germain, Editions Magellan & Cie/Editions Maison

    Lire la suite

  • Marthe Graham citation

    • Le 29/11/2013

    Marthe Graham : "Il y a une vitalité, une force de vie, une stimulation qui, à travers vous, se transforme en action ; et parce qu'il n'existe qu'un seul "vous" dans tous les temps, cette expression est unique. Si vous la retenez, personne d'autre ne la manifestera jamais et elle sera perdue. Le monde ne la connaîtra pas. Ce n'est pas à vous de décider de sa valeur, ni de la comparer avec ce que d'autres expriment. Votre tâche est de garder le canal ouvert".

    Marthe Graham fut l'une des pionnières de la danse moderne. Elle continuait à enseigner, à chorégraphier et à danser bien au-delà de ses quatre-vingt-dix ans.

    Lire la suite

  • Compagnie les Rois Vagabonds : "Concerto pour deux Clowns"

    La compagnie les Rois Vagabonds : Julia Moa Caprez (Gazelle) et Igor Sellem (Gorki)

    Au programme du Théatre de Vénissieux ce 15 novembre 2013 pour leur création : "Concerto pour deux clowns" Prix du Festival Avignon off 2013

    Le Théâtre de Vénissieux (TV) pose trois questions à la compagnie (CRV) :

    TV :"A choisir, êtes-vous plutôt clowns ou musiciens ?"

    CRV : "Nous sommes clowns et nous faisons de la musique... Notre passion de la musique classique nous a fourni un prétexte simple pour entrer en scène : jouer un concerto. La simplicité de ce prétexte permet de laisser libre cours à l'imagination."

    TV : "Vous cumulez les performances physiques, musicales et humoristiques, quel est votre secret ?"

    CRV : "Nous avons toujours construit avec ce que nous savons faire sans essayer de faire rire. Le clown est dans le concret. On ne fait que vivre des situations et des émotions, c'est cela qui est comique.  Les performances sont des outils pour nous rapprocher du public, pour créer de la surprise, de l'émotion. Un vieux proverbe de clown dit : "Jusqu'à quarante ans on rit de ce que tu fais, après quarante ans on rit de ce que tu es". On est peut-être encore trop jeunes pour simplement être..."

    TV : "Comment avez-vous choisi les morceaux que vous interprétez ?"

    CRV : "Vivaldi était toujours là, du nectar ! ; Strauss est incontournable pour exprimer l'élégance d'une valse ; Albinoni sait susprendre temps et époque ; Ravel rend fou et libre ; Rota a tout compris du coeur des clowns ; Schubert crée grâce et douceur... C'est maintenant que nous voyons cela. Quand nous créons nous n'essayons surtout pas de savoir pourquoi tel ou tel morceau. Nous suivons les rencontres, nos corps, nos envies ; toujours dans une quête de ce qui nous fait vibrer, de ce qui est notre "passion profonde". Les oeuvres que nous interprétons sont connus de la plupart des gens. C'était une volonté de départ. Nous avons fait l'expérience en faisant de la musique dans la rue : les passants s'arrêtent lorsque nous jouons "Les quatre saisons" de Vivaldi alors qu'ils passent sans regarder quand nous jouons des morceaux inconnus... Le fait d'être en terrain connu rend disponible et c'est ce dont nous avons besoin pour faire du clown."

    Lire la suite