Le Clown Arletti : Le rire un Mystère
- Par dubois-danielle
- Le 14/01/2014
- Dans Paroles de Clowns
"Le rire est une source, que l'on trouve en descendant en soi-même. Le rire est permanent au fond de nous. Parfois nous descendons vers cette source, parfois nous nous en éloignons, mais le rire est là, au fond.
Un jour pendant une répétition de La Curiosité des anges, Arletti avait voulu se cacher derrière une petite plante verte qu'elle tenait dans ses mains, se confondre avec elle, devenir plante verte elle-même. Le rire est venu d'un seul coup, sans que rien ne change extérieurement : elle transportait la plante lentement, et soudain cela était devenu réel, elle y croyait vraiment, c'était irrésistible. Cette croyance se communiquait instantanément.
En moi, une voix disait : oui, ça y est, elle est devenue une plante verte ; et une autre disait : non, ce n'est pas vrai, je la vois, elle est là, elle marche en tenant une plante.
C'est ce mélange de oui et de non qui provoque le rire.
On peut devenir plante verte, chien, fumée, caillou, flaque d'eau, chameau, motte de terre. A la fois on peut, et à la fois on ne peut pas. On peut s'élever dans les airs, voler, chanter l'opéra, s'évanouir de plaisir, inventer des poésies sublimes.
Tout ce que le désir conçoit, on le peut. Mais matériellement, on ne le peut pas. Intérieurement, on peut tout, et extérieurement, on ne peut presque rien de ce que l'on désire.
A l'intérieur de nous, il y a un être qui peut tout.
Cet être est caché dans une carapace, une armure, un caractère.
L'histoire nous a montré que cette carapace peut se comporter de façon inhumaine. Mais il n'y a jamais d'étanchéité complète entre l'intérieur et l'extérieur, l'homme n'est jamais complètement enfermé dans sa carapace.
Le clown, c'est le devenir homme. Il vibre plus qu'il ne bouge, il n'est pas finit, il est infini. On voit les sentiments le traverser.
Le clown, c'est une façon personnelle de devenir universel, une façon de devenir infini."
"Le clown Arletti : vingt ans de ravissement" de françois Cervantes et Catherine Germain, Editions Magellan & Cie/Editions Maison